Notre impact, leur histoire

De réfugié au Kenya à propriétaire d’une boutique en Somalie

En octobre dernier, le HCR a annoncé que 5000 réfugiés avaient regagné la Somalie depuis décembre 2014 en provenance du gigantesque camp de réfugiés de Dadaab, au nord du Kenya, qui abrite environ 350000 personnes.

En octobre dernier, le HCR a annoncé que 5000 réfugiés avaient regagné la Somalie depuis décembre 2014 en provenance du gigantesque camp de réfugiés de Dadaab, au nord du Kenya, qui abrite environ 350000 personnes. Il a aussi indiqué que 4500 autres réfugiés avaient signé pour leur rapatriement. Cela ne représente qu’un pourcentage minime de l’ensemble des Somaliens qui ont fui leur pays ou leur région d’origine. Les Nations Unies évaluent leur nombre à environ 2 millions – dont plus de 400000 rien qu’au Kenya.

Mais la réussite de rapatriés comme Mohamud Mohamed peut servir d’exemple pour d’autres qui envisagent de rentrer chez eux. Mohamud a bénéficié d’un projet de l’OIT qui vient en aide à d’anciens réfugiés qui se réinstallent en Somalie pour démarrer une nouvelle vie en leur apportant les compétences requises pour créer une affaire.

Mohamud Mohamed est l’un des nombreux Somaliens qui avaient dû fuir le pays en raison de la guerre civile qui l’a ravagé.

Mohamud est né et a grandi à Baidoa, une ville de la région de Bay au sud de la Somalie, à 250 kilomètres de la capitale somalienne de Mogadiscio.

Quand il était jeune, il est allé à l’école coranique. C’est à cette époque qu’il a appris l’arabe.

Puis il s’est marié et est devenu professeur. Il menait une vie agréable jusqu’à ce qu’éclate la guerre et que les choses prennent une tournure inattendue. Il avait déjà deux enfants quand il a dû quitter son pays à la recherche d’un endroit plus sûr pour vivre. Il est allé au Kenya où il s’est installé avec sa famille dans un camp de réfugiés surpeuplé, rempli d’autres réfugiés somaliens.

«Je n’arrivais pas à trouver de travail et je dépendais de l’aide humanitaire pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Tout ce que je pouvais faire, c’était d’espérer des jours meilleurs», se souvient-il.

Dynamiser l’emploi dans les États fragiles

A l’ordre du jour de la 105e session de la Conférence internationale du Travail était inscrite la révision d’une recommandation de l’OIT: la recommandation (no 71) sur l’emploi (transition de la guerre à la paix) qui fut adoptée en 1944.

La révision illustra la préoccupation croissante à l’échelle internationale quant à l’importance de l’emploi et du travail décent dans les pays en situation de fragilité et de crise. Elle s’appuie sur un consensus international grandissant concernant à la fois la nécessité et les moyens de remédier à ces situations et de rétablir la stabilité.

La recommandation révisée est à la croisée des initiatives dans les domaines du développement, de l’aide humanitaire et de la consolidation de la paix aux niveaux national et international. Notre reportage en Somalie montre aussi comment l’OIT peut contribuer à mettre en pratique ces initiatives.
 

Nouvel espoir

Les choses ont commencé à changer en 2013 quand il a entendu d’autres réfugiés parler d’un projet qui avait débuté à Baidoa pour aider les rapatriés somaliens à trouver une solution de réinsertion durable. L’idée était de promouvoir des moyens d’existence pérennes sous forme de subventions et de travail contre rémunération.

Quand Mohamud en a entendu parler, il a immédiate- ment décidé de regagner sa ville natale. La famille s’est réinstallée à Baidoa. Ils ont dû se battre un peu au début mais leur situation s’est progressivement améliorée.

Début 2015, Mohamud a été sélectionné parmi les bénéficiaires du projet de l’OIT relatif aux Solutions durables pour les réfugiés somaliens de retour, par le rapatriement, l’assistance et la promotion de moyens de subsistance durables.

Des professeurs qualifiés ont été enrôlés. Les participants ont été formés à la création et à la gestion d’entreprise. Les sessions de formation ont été menées en langue somali. Le programme avait pour but d’enseigner aux réfugiés somaliens les compétences de base de l’entreprenariat et de la gestion des affaires en utilisant les outils de l’OIT «Tout savoir sur l’entreprise» et «Gérez mieux votre entreprise». L’idée était d’établir des conditions qui permettraient aux rapatriés et à leurs communautés de pourvoir à leurs besoins essentiels et de leur redonner les moyens de vivre dignement.

Mettre les compétences en pratique

Mohamud était très désireux d’acquérir de nouvelles compétences et s’est très vite fait une idée de l’entreprise qu’il voulait créer. Après la formation, il a participé à un concours de plan d’affaires et s’est vu offrir la possibilité de mettre ses nouvelles compétences en pratique. Il comptait parmi les lauréats du concours. Sa famille était très fière de sa réussite. Il a remporté quatorze jours de formation en gestion financière, ainsi que 500 dollars en espèces pour lancer sa propre affaire.

Mais, avant d’investir son argent, il a décidé qu’il valait mieux évaluer le marché local pour installer sa petite affaire là où aucune autre boutique similaire n’existait.

Après une analyse approfondie du marché local, Mohamud a pris sa décision. Il a ouvert une petite échoppe à Baidoa pour vendre des produits simples comme des confiseries, du sucre, de l’huile. Il est aussi fier d’être à présent le père de six enfants, quatre filles et deux garçons.

«Mon ambition est d’éduquer mes enfants, de leur donner accès à de meilleurs soins de santé et de payer pour leur alimentation quotidienne grâce à cette entreprise et j’espère que Dieu m’aidera sur cette voie», a conclu Mohamud avec un sourire.

Par Fatuma Musa, Programme OIT Somalie