Rapport mondial sur les salaires 2014/15

Les écarts de rémunération entre hommes et femmes se creusent pour les femmes les mieux rémunérées

La nouvelle édition du Rapport mondial de l’OIT sur les salaires révèle une fracture salariale nette entre hommes et femmes sur un échantillon de 38 pays et réclame une rémunération égale pour un travail de valeur égale afin de garantir une croissance inclusive pour tous.

Actualité | 5 décembre 2014
GENÈVE (OIT Info) – Les salaires moyens des femmes sont inférieurs de 4 à 36 pour cent à ceux des hommes et l’écart se creuse en termes absolus pour les femmes aux revenus élevés selon le Rapport mondial de l’OIT sur les salaires 2014/15.

Par exemple, en Europe en 2010 (voir graphique ci-dessous), les 10 pour cent des travailleuses du bas de l’échelle des salaires gagnaient environ 100 euros de moins par mois que les 10 pour cent des hommes en bas de l’échelle. A l’inverse, les 10 pour cent des femmes ayant les plus hauts revenus gagnaient près de 700 euros de moins par mois que les 10 pour cent des hommes les mieux rémunérés. On observe une tendance comparable dans près de la totalité des 38 pays analysés dans ce rapport.

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Analyse des écarts de rémunération

Le rapport souligne que les raisons de cet écart de rémunération entre hommes et femmes sont complexes et diffèrent d’un pays à l’autre dans une certaine mesure.

L’écart réel de rémunération peut être divisé entre une partie «expliquée» – qui est mesurée par des caractéristiques observables susceptibles d’influencer la rémunération, comme le niveau d’éducation individuel – et une partie «inexpliquée» qui décrit le reste de l’écart une fois prises en compte ces caractéristiques observables; ce qui implique l’existence de discriminations sur le marché du travail.

Le rapport montre que si l’on supprimait ce désavantage salarial «inexpliqué», l’écart serait en fait inversé dans près de la moitié des 38 pays et les femmes gagneraient davantage que les hommes selon des caractéristiques liées au travail (voir graphiques ci-dessous) . Parmi les pays où l’on observe cette situation, se trouvent la Suède, la Lituanie, la Slovénie, le Brésil et la Fédération de Russie.

«L’écart salarial lié à la maternité» – qui mesure l’écart de rémunération entre les mères et les femmes sans enfant – est aussi pris en compte dans le rapport. Il désigne la maternité comme l’une des raisons sous-jacentes de l’écart global de rémunération entre hommes et femmes. Par exemple, au Mexique, les mères gagnent environ 33 pour cent de moins que les femmes sans enfant, tandis que dans la Fédération de Russie l’écart est d’environ 2 pour cent.

Réponses politiques

Pour réparer cette injustice salariale, le rapport fait plusieurs recommandations, y compris des mesures qui favorisent l’égalité entre hommes et femmes au travail et à la maison.

«Surmonter l’écart de rémunération entre hommes et femmes est essentiel si l’on veut garantir une croissance inclusive; cela requiert des efforts constants à différents niveaux», déclare Manuela Tomei, Directrice du Département des Conditions de travail et de l’égalité de l’OIT.

«L’égalité de rémunération entre hommes et femmes doit être encouragée, notamment en combattant les stéréotypes sexistes sur les rôles et aspirations des femmes, en luttant contre les préjugés sexistes dans la structure salariale et les institutions qui fixent les salaires, en plaidant pour un partage équitable des responsabilités familiales, et en renforçant les politiques concernant la maternité, la paternité et le congé parental», a-t-elle ajouté.

Le rapport demande que la législation garantisse le droit à l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, conformément à la convention (n° 100) sur l’égalité de rémunération, 1951, et l’accès au système judiciaire pour faire valoir ce droit.

Eliminer le retard salarial inexpliqué entre hommes et femmes: l'écart de rémunération moyen avant et après ajustement dans certaines économies *

a) Economies développées

b) Economies émergentes et en développement


* Année 2009 pour la Chine; 2010 pour toutes les économies développées et le Viet Nam; 2011 pour le Chili, 2012 pour l’Argentine, le Brésil, le Mexique, le Pérou, la Fédération de Russie et l’Uruguay.