ENFANTS DE LA RUE AU TRAVAIL À SAINT-PÉTERSBOURG

Date de parution: 20 décembre 2005 |

16.000 enfants vivent à Saint-Pétersbourg sous les rues bordées de palaces, et leur nombre ne cesse de croître. Le travail des enfants de la rue est un phénomène nouveau en Russie depuis l’effondrement du système d’aide sociale soviétique. Les autorités russes apprennent seulement maintenant à faire face à ce problème.

Les rues de St-Pétersbourg sont bordées de palaces et d'édifices resplendissants. La plupart datent de l'époque de Pierre le Grand, qui voulut faire de cette ville une vitrine de la Russie.

Aujourd'hui, les rues de cette glaciale cité portuaire des rives de la Baltique fourmillent d'enfants comme Masha. Son père est parti, sa mère boit et la frappe. Alors, elle préfère la rue, où - pour elle - tous les moyens sont bons pour trouver de l'argent. Pour échapper au froid, elle dort dans des sous-sols ou des greniers. Et elle n'est pas la seule à vivre ainsi. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un œil au mur du sous-sol, véritable registre des nombreux autres visiteurs nocturnes de l'endroit.

Masha,

Les choses changeront. Quelqu'un va bien nous aider à changer de vie.

Selon un rapport de l'Organisation internationale du travail, 16 000 enfants vivent et travaillent dans les rues de St-Pétersbourg et leur nombre ne cesse d'augmenter. Pour survivre, ces enfants doivent mendier, faire les poubelles et se prostituer. Un travail dangereux, une véritable exploitation. Et souvent, ces enfants sont envoyés là par leurs propres familles.

Natasha

Je ne savais pas quoi faire. J'ai envoyé mon enfant collecter des bouteilles dans la rue pour pouvoir acheter du lait pour Ninotchka.

Natasha participe à un groupe d'entraide communautaire parrainé par l'OIT. On y informe les familles des alternatives qui existent et qui leur permettraient d'éviter d'envoyer leurs enfants au travail.

Le travail des enfants de la rue est un phénomène nouveau en Russie. Avec l'effondrement du système soviétique, c'est tout l'ensemble des structures étatiques de soutien aux familles nécessiteuses qui s'est effondré. St-Pétersbourg s'affaire à sa rénovation en vue de la célébration du tricentenaire de sa création. Mais il faudra plus qu'un simple raccommodage, davantage qu'une simple réfection d'édifices, pour restaurer cette ville et lui rendre son faste d'antan.

Alexei Boukharov, Responsable du programme IPEC de l'OIT à St-Pétersbourg

Notre méthode consiste à essayer de créer une zone de sécurité, exempte de tout travail des enfants, dans un quartier donné. Cela signifie que dans ce quartier, nous allons créer un modèle de coopération efficace entre la police, les écoles et les organes d'autogestion locale.

Le Programme IPEC de l'OIT contre le travail des enfants est unique en son genre en ce sens qu'il bénéficie du soutien des syndicats, des employeurs et des politiciens qui se sont tous engagés à mettre au premier rang de l'ordre du jour politique la législation relative au travail des enfants.

Ludmilla Verbitskaya, Recteur de l'Université de St-Pétersbourg

Lors de ma prochaine rencontre avec les fondés de pouvoir du Président Poutine, je transmettrai le rapport de l'Université sur ce problème. Les responsables, qui ont la charge de ce dossier, doivent décider concrètement de ce qui doit être fait et cela doit être débattu au niveau fédéral.

Les autorités russes commencent à donner des signes attestant qu'elles ont reçu le message. Récemment, le Président Poutine s'est rendu dans les locaux d'un programme voué à la réinsertion des jeunes filles arrachées à la rue où elles étaient particulièrement exposées à l'exploitation sexuelle.

Svetlana

Nous avons une jeune fille qui vit là et qui a peut-être 15 ans. Elle gagne de l'argent en travaillant avec des hommes. Beaucoup d'enfants travaillent ici. Mais le plus jeune est Sasha. Il a 8 ans. Il vit ici en permanence.

Sasha entretient son feu pour se réchauffer. Avec un peu d'aide, peut-être ses rêves de vie meilleure pourront-ils un jour s'enflammer.