Migration et travail décent

Politique nationale de migration de la main-d’œuvre en Côte d’Ivoire : Le processus de formulation enclenché avec l’appui de l’OIT

Le top départ pour permettre à la Côte d’Ivoire de se doter d’une politique nationale de migration de la main-d’œuvre est donné. L’Organisation internationale du Travail (OIT) avec ses partenaires ont organisé du 7 au 9 décembre 2022, dans le cadre des projets AGRIDOM et JLMP Action un atelier de renforcement des capacités des mandants tripartites et autres parties prenantes afin de les doter d’outils et de connaissances techniques sur la gouvernance de la migration de la main-d’œuvre et le processus de formulation de la politique de migration de la main-d’œuvre.

Reportage | 30 décembre 2022
L’objectif de cet atelier était de renforcer les capacités des parties prenantes nationales ivoiriennes en vue de leur permettre une participation active à la formulation et à l’élaboration d’une politique de migration de main-d’œuvre fondée sur les droits et sensible au genre en Côte d’Ivoire.

Une vue des participants à l’atelier
Au cours de l’atelier, les différentes étapes de conception de cette politique migratoire de main-d’œuvre ont été passées en revue par les parties prenantes à la lumière de la situation de la Côte d’Ivoire.
Il s’agit notamment de la décision d’élaborer cette politique jusqu’à sa mise en œuvre, au suivi évaluation, en passant par l’analyse situationnelle, l’examen de la capacité de mise en œuvre, l’approche participative pour définir les priorités, les principes directeurs, la vision globale et la mission.

Une vision et des missions de la politique nationale de main-d’œuvre en Côte d’Ivoire axées sur le dialogue social

« La politique migratoire de la main-d’œuvre à formuler a pour vision de mettre en place un système intégré et inclusif de gestion des travailleurs et travailleuses migrants équitable, résilient et facteur de développement durable » explique Koné Koko, le consultant commis par l’OIT dans le cadre de cet atelier.

S’agissant des missions de la politique migratoire de la main-d’œuvre, elles se déclinent en ces points suivants :
  • Renforcer le dispositif de protection de la main-d’œuvre migrante en Côte d’Ivoire ;
  • Veiller à une intégration optimale et à la valorisation des travailleurs migrants ivoiriens à l’international ;
  • Mettre en place un dispositif de formation et de renforcement des capacités des candidats ivoiriens à la migration internationale de main-d’œuvre ;
  • Mettre en place un dispositif spécifique d’accompagnement et d’intégration des travailleurs et travailleuses migrants vulnérables en Côte d’Ivoire ;
  • Assurer la coordination des acteurs clés.
  • Ebenezer Agoh, Inspecteur général représentant le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale situant l’importance pour le Gouvernement de la politique nationale de main-d’œuvre en Côte d’Ivoire
Les travaux de groupes ont été le lieu pour les participants d’identifier certaines priorités politiques et les mesures à prendre en compte dans la Politique Migratoire de Main d’œuvre (PMMO) en Côte d’Ivoire.
Il s’agit notamment des questions touchant à la migration de main-d’œuvre et développement ; reconnaissance des acquis dans le marché du travail et développement des compétences ; recrutement équitable ; protection sociale et Santé et Sécurité au Travail (SST) des migrants et la prise en compte des questions de genre.

L’OIT et les mandants tripartites : Même vision pour une synergie d’action

A l’ouverture de l’atelier, Ebénézer Agoh Inspecteur général représentant le Ministre de l’Emploi et de la protection sociale a indiqué que la formulation d'une politique migratoire commande une synergie d'actions de l'ensemble des acteurs soulignant que « les résultats de cet atelier serviront au gouvernement ivoirien de disposer d'une feuille de route pour la formulation de la politique de la migration de la main-d'œuvre et permettront également d'obtenir un cadre logique, efficace et pertinent requis pour apporter à divers aspect de la gouvernance de la migration de la main d'œuvre notamment les cadres politiques, réglementaires et institutionnels, l'analyse du marché, les mesures pour lutter contre l'immigration de la main d'œuvre irrégulière et la protection des droits des travailleurs migrants ».
Pour lui, « cette formation sonne comme une étape importante qui renforcera les connaissances et la compréhension des concepts clés liés à la migration de la main-d'œuvre à l'aune du contexte spécifique de la Côte d'Ivoire ».

Frédéric Lapeyre, Directeur du bureau pays de l’OIT pour le Benin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo, expliquant les enjeux au plan global de la migration de la main-d’œuvre
Pour sa part, Frédéric Lapeyre, Directeur du bureau pays de l’OIT pour le Benin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo a relevé le fait que tous les pays dans le monde sont concernés par la question de la migration de la main d'œuvre en particulier dans la sous-région expliquant que « la migration en situation irrégulière et le trafic d'êtres humains à destination et en provenance de la Côte d'Ivoire constitue un défi pour les décideurs politiques ».

Intervenant au nom du patronat ivoirien, Arsène Brou a relevé l’importance de cet atelier indiquant « qu’il vient permettre de mettre en cohérence toutes les réformes mises en place ainsi que de respecter les droits et devoirs des travailleurs migrants ».

Dans cette dynamique, Honorat Tanoh, au nom des centrales syndicales a souhaité que certains principes soient respectés et pris en compte dans l’élaboration de la politique de migration de mains- d'œuvre. « Cette politique en gestation doit reposer sur un dialogue social consistant et respectueux du rôle des partenaires sociaux ».

On estime dans le monde en 2022 selon l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) que le nombre de migrants internationaux a augmenté ces cinquante dernières années. Les estimations indiquent que 281 millions de personnes vivaient dans un pays autre que leur pays de naissance en 2020, soit 128 millions de plus qu’en 1990 et plus de trois fois plus qu’en 1970.
La Côte d’Ivoire quant à elle compte 2,56 millions de migrants internationaux soit 9,7% de la population selon l’OIM.

Photo de famille entre officiels et participants à l’atelier