Violence et harcèlement dans le monde du travail

Trente membres de la CGECI formés par l’OIT sur la Convention 190 et sa Recommandation 206 relative à la violence et le harcèlement au travail

Du 30 juin au 1er juillet 2022, 30 membres de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) ont été formés sur la convention 190 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et sa Recommandation 206 en vue de renforcer leurs capacités techniques à mieux appréhender la violence et le harcèlement au travail et de lutter efficacement contre le phénomène au sein des entreprises ivoiriennes.

Article | 3 juillet 2022
Abidjan (Nouvelles de l’OIT) – Pendant deux jours de formation, les participants ont examiné la Convention n°190 et la Recommandation n°206, identifié les mesures susceptibles d’être promues au sein des entreprises afin d’en faire un monde du travail exempt de violence et de harcèlement.
Axée sur une méthodologie de partage de connaissance et une valorisation de l’expérience des participants et participantes sur la thématique de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, cet atelier initié par l’OIT s’est tenu dans un contexte où selon la formatrice Christiane Fatim Ndiaye, spécialiste genre, égalité et équité pour l’Afrique francophone à l’équipe Travail Décent de l’OIT/Dakar, « la convention 190 reconnaît que ‘’la violence et le harcèlement sont inacceptables et que chacun a droit à un monde du travail sans violence ni harcèlement ».
Christiane Fatim Ndiaye, Spécialiste genre, égalité, équité, à l’OIT, en pleine formation
A en croire Mme Fatim Ndiaye « lutter contre la violence et le harcèlement au travail est bénéfique pour les entreprises car ces fléaux créent un climat malsain, insécure et ternissent leur image. Les solutions pour les éliminer nécessitent une approche sensible au genre, aux moyens d’action qui s’attaquent spécifiquement aux dimensions genre de la violence et du harcèlement et s’attaquent spécifiquement aux causes sous-jacentes y compris les formes multiples, les stéréotypes de genre et les relations de pouvoir inégal fondé sur le genre ».

Au terme de cette formation, un plan d’action contenant les défis et les actions à mener a été élaboré par les participants.

Des défis multiformes appelant des actions fortes

Trois principaux défis ont été identifiés par les participants.
Le premier est l’amélioration du cadre juridique national en matière de violence et de harcèlement au travail.
« La définition d’un cadre juridique adéquat, la faiblesse du leadership politique, la ratification de la C190 et la question de la preuve » restent selon les participants préoccupants et appellent des actions.

Au nombre de ces actions figurent la demande faite à la CGECI d’entreprendre un lobbying et des plaidoyers auprès de l’Etat, de sensibiliser ses membres, ceux de la Fédération Ivoirienne des Petites et Moyennes Entreprises (FIPME) ainsi que les membres des structures de dialogue social (CNDS, CIPC, CCTNIT) sur la lutte contre la violence et le harcèlement au travail.

D’autres actions telles que le plaidoyer pour la ratification par l’Etat de Côte d’Ivoire et l’application de la C190, la sensibilisation des acteurs du monde du travail, le partage d’informations et de documentation, la mise en œuvre d’une campagne de plaidoyer, doivent être menées dans le cadre de ce plan d’action de la CGECI.

Le deuxième défi identifié est le contrôle et la prévention de la violence et le harcèlement dans les entreprises.
Pour adresser ce défi, les participants à l’atelier préconisent comme actions, entre autres, « la prévention de la violence et le harcèlement dans les entreprises, la mise en place des mécanismes et protocoles pour traiter ces fléaux en entreprise, prévoir des psychologues du travail, lutter contre l’impunité, prendre en compte la violence domestique dans les entreprises, utiliser les réseaux sociaux, encourager les entreprises à mettre en place des cellules d’écoute ».

Le troisième défi à relever pour mieux lutter contre la violence et le harcèlement au travail identifié par la CGECI, est le renforcement de capacités des acteurs. Cela passe selon les participants à l’atelier par non seulement, le renforcement des capacités des agents médico–sociaux pour prendre en charge les victimes de violence et de harcèlement au travail mais aussi par le renforcement des capacités des comités d’entreprise, des comités de santé et sécurité au travail, des délégués du personnel.

Une vue des participants à l’atelier

Un atelier qui vient à point nommé selon les participants

« J’ai beaucoup appris de la C190. Je serai plus à l’aise de régler les questions liées à la violence et au harcèlement au travail en créant les cadres pour que les employés soient à l’abri de ces fléaux » souligne Amélie Koffi Affoué, juriste. Christian Martinien Konan est pour sa part gestionnaire de ressources humaines. « Le thème est d’actualité et je viens d’avoir des outils pour y répondre dans mon entreprise à travers la mise en place de mécanisme pour lutter contre la violence et le harcèlement au travail » confie-t-il. En sa qualité de président de la commission Emploi Relation Social de la CGECI, Mar Mao exhorte les participant à dupliquer cette formation et les bonnes pratiques et en faire une large diffusion.

En Côte d’Ivoire, de nombreuses études ont été réalisées pour appréhender la violence domestique de genre. En 2021, pour promouvoir la ratification et l’application de la C190, l’OIT, en partenariat avec les mandants de la Côte d’Ivoire, a réalisé une analyse sur la législation applicable, la pratique et les réalités de la violence et du harcèlement dans le monde du travail par rapport à la convention n° 190 et une étude sociologique sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail en Côte d’Ivoire.

La convention (n ° 190) sur la violence et le harcèlement au travail et sa recommandation (n° 206) ont été adoptées en juin 2019, lors de la Conférence du centenaire de l'OIT.
Photo de groupe des participants