« 100 Years – 100 Lives » | ZAMBIE - “A 11 ans, je travaillais dans les plantations de tabac. Depuis, je suis devenu tailleur professionnel”

Simasiku Ngenda est l’un des jeunes Zambiens ayant bénéficié d’un projet soutenu par l’OIT qui lui a permis d’échapper au travail des enfants et d’apprendre un métier.

Feature | Zambia | 08 October 2019
NKEYEMA - Simasiku Ngenda a 18 ans. Il est originaire de la localité de Kamumgomba dans le district de Nkeyema. Le simple fait de mentionner le travail des enfants lui fait remonter à l’esprit de dures réalités et des souffrances rarement exprimées.

En effet, comme beaucoup d’autres dans la région, le jeune homme a été contraint de travailler lorsqu’il était enfant.

Selon une enquête sur la population active qui date de 2008, la province occidentale de Zambie où se trouvent les districts de Nkeyema et de Kaoma se classe au 4e rang pour le travail des enfants sur un total de 8 provinces, avec une population employée à 70 pour cent dans l’agriculture.

Les enfants accomplissent une bonne partie des travaux agricoles pour lesquels ils sont employés généralement dans un cadre familial et sans aucune rémunération.

Simasiku Ngenda a commencé à travailler dans la culture du tabac en 2010 après le divorce de ses parents alors qu’il poursuivait ses études primaires à l’école communale de Kamungomba.

Aîné d’une famille de sept enfants, il a été contraint de pourvoir à leurs besoins dès son plus jeune âge.

« J’avais 11 ans quand j’ai commencé à travailler dans des plantations de tabac. A ce moment-là, la vie était difficile. Je faisais tout ce qui était possible pour faire vivre ma famille. A un moment, j’ai même gardé du bétail pour survivre. Tout cela est arrivé au moment du départ de mon père qui nous a laissés pour se remarier », se souvient-il.

Acquérir des compétences

Les choses ont commencé à changer lorsqu’il fut identifié par un comité de lutte contre le travail des enfants alors qu’il travaillait dans une plantation de tabac. En effet, il pouvait bénéficier du projet ARISE de l’OIT qui vise à réduire le travail des enfants et à privilégier l’éducation. Très vite, il fut en mesure d’arrêter son travail et de commencer une formation en tant que tailleur.

Toutefois, compte tenu de la situation financière difficile de la famille, les membres du comité de lutte contre le travail des enfants furent amenés à déployer beaucoup d’efforts pour convaincre la mère de Simasiku du danger que représentait le travail des enfants pour son fils.

« Au début, ma mère ne voulait pas que j’abandonne mon travail dans les plantations de tabac pour devenir tailleur parce que j’étais la seule personne de la famille capable de subvenir aux besoins essentiels comme la nourriture et les vêtements. Mais les membres du comité ont persévéré et, finalement, ils sont parvenus à nous convaincre ma mère et moi des dangers du travail des enfants », explique-t-il.

Finalement, Simasiku Ngenda a intégré le centre de formation professionnelle de Kaoma afin de devenir tailleur.

« Le formateur venait dans notre village. J’étais très enthousiaste car je voyais combien mes camarades qui avaient déjà suivi la formation s’en sortaient bien. A la fin de la formation, j’ai finalement décidé de quitter la région et de chercher un travail dans l’espace marchand de l’Office national du tabac de Zambie. J’ai eu la chance que l’un des commerçants m’embauche dans sa petite boutique », poursuit-il.

Prêt pour un nouveau départ

Simasiku Ngenda a été embauché en 2018 et il a pu immédiatement envoyer de l’argent et faire vivre sa famille.

Malheureusement, la machine à coudre qu’il utilisait tomba en panne et il ne put poursuivre son travail à la boutique. Il dut alors rentrer chez lui afin de pouvoir utiliser l’une des cinq machines à coudre qui sont la propriété du comité de lutte contre le travail des enfants.

Désormais, Simasiku Ngenda espère pouvoir mettre de côté assez d’argent pour commencer à produire des uniformes d’écoliers destinés aux établissements scolaires des alentours.

« Je remercie l’OIT pour le soutien qui m’a été apporté. Avant, mes amis se moquaient de moi mais, à présent, ils m’admirent parce que je suis devenu tailleur professionnel avec la formation nécessaire. Je suis heureux d’avoir acquis ces connaissances et, aujourd’hui, je peux également sensibiliser les jeunes de mon entourage sur les dangers du travail des enfants », conclut-il.

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