« 100 Ans – 100 Vies » | DJIBOUTI – ETHIOPIE – ERYTHREE – KENYA – SOMALIE – SOUDAN – SUD SOUDAN – OUGANDA - “La mobilité de la main d’œuvre et l’intégration régionale peuvent favoriser le travail décent et la croissance économique dans les pays membres de l’IGAD”

L’OIT met en place un projet visant à valoriser une mobilité régulée de la main d’œuvre au sein des pays membres de l’IGAD.

Feature | Djibouti | Ethiopia | Eritrea | Kenya | Somalia | Sudan | South Sudan | Uganda | 16 July 2019
ADDIS ABEBA - Les huit pays membres (1) de la communauté économique régionale de l’IGAD forment une région vaste et complexe. Cependant, malgré leurs différences, ces pays ont un certain nombre d’opportunités à saisir et de défis communs à relever sur la voie qui les mène à l’intégration régionale.

En effet, si plusieurs pays ont bénéficié d’une forte croissance économique ces dernières années, cela ne s’est pas forcément traduit par des créations d’emplois significatives. Le marché du travail doit absorber de nombreux travailleurs qui arrivent chaque année en raison de la croissance démographique tout en composant avec des difficultés d’ordre structurel pour aboutir à la création d’emplois décents.

Ainsi, de nombreux jeunes et de nombreux travailleurs n’ont pu participer au développement économique et au développement en raison d’une « cercle vicieux » entrainant un accès limité à l’éducation et à la formation, des bas salaires et des emplois peu productifs ainsi que des carences en matière de protection.

La migration de main d’œuvre peut cependant constituer une soupape de sûreté afin de réduire la pression sur le marché du travail de chaque pays lorsqu’il ne génère pas assez de possibilités d’emplois décents. Dans le même temps, les travailleurs migrants peuvent combler les déficits de compétences et répondre aux besoins du marché du travail, aidant ainsi les différents pays de destination à maintenir leur croissance économique.

Libre circulation des personnes

Au niveau régional, les pays membres de l’IGAD se sont engagés à parvenir à une plus grande intégration régionale et à améliorer la gouvernance en matière de migration à travers le développement de cadres politiques et juridiques de développement appropriés, y compris la création d’un régime de libre circulation au sein de la région.

Il s’agit là d’une reconnaissance croissante du fait que les accords de libre circulation ont un effet immédiat sur les conditions décentes de travail pour les travailleurs migrants puisqu’ils ouvrent la voie à des canaux légaux pour la migration ainsi qu’à un cadre normatif visant à garantir le droit des migrants.

C’est dans ce contexte que l’OIT met en place un projet intitulé « Libre circulation des personnes et de la transhumance au sein de la région IGAD : valoriser la mobilité régionale légale de main d’œuvre » en collaboration avec le Secrétariat de l’IGAD ainsi que les pays membres. Cette initiative s’inscrit aussi dans le cadre d’un programme plus large appelé : « Vers la libre circulation des personnes et de la transhumance dans la région de l ’IGAD ».

« L’objectif central du projet consiste à valoriser les possibilités d’une mobilité régulée de la main d’œuvre et le travail décent au sein des pays membres de l’IGAD à travers la création de modèles d’intervention, dans le contexte plus large de l’intégration régionale », explique Alexio Musindo, directeur du bureau de l’OIT pour l’Ethiopie, Djibouti, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud.

« A long terme, il devrait contribuer à offrir de meilleures possibilités de travail décent aux migrants d’aujourd’hui et de demain à travers la région tout en contribuant également à l’intégration régionale, au renforcement des liens entre croissance économique et création d’emplois et en faisant progresser l’intégration économique et sociale des migrants », ajoute-t-il.

Les interventions couvertes par le projet concernent deux domaines principaux : la consolidation des connaissances et l’application sur le terrain.

Le volet sur la consolidation des connaissances vise à renforcer la compréhension des dynamiques en matière de migration et du marché du travail dans la région, y compris les contraintes et les possibilités offertes dans le domaine de la création d’emplois ainsi que les causes des déficits de compétences.

La composante opérationnelle devrait avoir un impact sur les migrants d’aujourd’hui et de demain à travers la création de possibilités d’emplois et de formation en ciblant des actions-pilotes dans le couloir migratoire Ethiopie -Soudan.

Impliquer les partenaires sociaux

Malgré le rôle central que joue la gestion des défis de gouvernance à propos du marché du travail et de la migration de main d’œuvre, l’implication des partenaires sociaux dans les discussions autour de la migration de main d’œuvre avait été jusqu’ici limitée aussi bien au niveau national que régional. Grâce à ce projet, l’OIT peut ainsi apporter son soutien aux organisations de travailleurs et d’employeurs pour qu’elles s’impliquent et qu’elles travaillent avec l’IGAD pour contribuer à relever les défis en matière de gouvernance à propos des migrations de main d’œuvre et de la mobilité au niveau régional.

A ce sujet, une réunion de consultations avec les partenaires sociaux sur le projet de Protocole de l’IGAD sur la libre circulation des personnes a eu lieu en mai 2019 à Nairobi, au Kenya.

L’objectif principal de cet atelier était de générer un échange d’idées entre les organisations de travailleurs et d’employeurs de la région et de faire remonter la contribution des partenaires sociaux à propos de la rédaction du texte du Protocole sur la libre circulation des personnes.

Plus précisément, la consultation voulait sensibiliser les partenaires sociaux sur le texte en préparation, stimuler un débat sur la libre circulation des personnes et de la main d’œuvre en réunissant des contributions concrètes, des commentaires et des recommandations de la part des partenaires sociaux à propos du projet de Protocole sur la libre circulation et sur l’application de ce texte une fois adopté par les pays membres.

(1) Les pays membres de l’IGAD sont : Djibouti, l’Ethiopie, l’Erythrée, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud.

Select a country or a theme