« 100 Ans – 100 Vies » | LESOTHO - “Les femmes enceintes qui travaillent doivent être mieux protégées”

Le Programme Better Work de l’OIT et de la Société financière internationale (SFI) au Lesotho aide les femmes qui travaillent à connaître et à faire respecter leurs droits à la maternité.

Feature | Lesotho | 15 August 2019
MASERU –. Quand Mamontseng Habahaba, 31 ans, était enceinte de son troisième enfant, elle n’a pas craint de le dire à son superviseur. Inspectrice du contrôle de la qualité dans l’une des 39 usines textiles du Lesotho, elle pensait pouvoir travailler jusqu’à l’accouchement, ignorant ses droits en tant que femme enceinte.

Au cours des deuxième et troisième trimestres, elle devait lutter pour rester debout pendant ses neuf heures de travail et, bien que sa grossesse soit finalement devenue évidente, on ne lui a pas donné de chaise pour s’asseoir, elle n’a pas non plus osé en demander une.

« C’est quelque chose qui ne se fait pas dans cette usine », explique Mme Habahaba. « Si votre poste exige que vous travailliez debout, vous devez rester debout, même si vous êtes enceinte ».

Mme Habahaba a demandé un congé maternité quand elle était enceinte de sept mois et elle a pris son congé le plus tard possible, le 15 janvier 2014. Quatre jours plus tard, elle accouchait prématurément de Molise Habahaba, un garçon de 3,6 kilos qui porte le prénom de son grand-père.

Sept ans plus tôt, à la naissance à son premier enfant, Mamontseng Habahaba avait quitté son travail dans la même usine, n’ayant pas les moyens de payer une nounou. Cette fois, les contraintes financières de la famille l’ont renvoyée au travail deux mois après la naissance de Molise.

Dans l’ignorance de ses droits

Ce que Mme Habahaba savait par son supérieur hiérarchique et ses collègues, c’est qu’elle avait le droit de prendre 12 semaines de congé. Ce qu’elle ne savait pas alors, c’est qu’une loi modifiée en octobre 2013 exigeait la rémunération de 6 de ces 12 semaines de congé. Quand elle a repris le travail, elle n’a touché que deux semaines de salaire pour couvrir sa période d’absence. En outre, avec une nouvelle bouche à nourrir, elle a aussi commencé à faire des heures supplémentaires même si la législation du travail l’interdit aux femmes allaitantes.

Mme Habahaba explique qu’elle ignorait qu’elle n’était pas censée faire d’heures supplémentaires. Ce n’est que récemment qu’elle a été informée de la loi révisée sur le congé de maternité.

« Nous l’avons appris il y a peu ; nous avons déposé plainte auprès de nos délégués syndicaux et ils s’en occupent », confirme Mme Habahaba. « Toutefois, les ouvrières qui sont revenues de leur congé de maternité après notre dépôt de plainte ont été payées six semaines ».

Promouvoir davantage de droits et de prestations

« La situation de Mme Habahaba se retrouve dans d’autres usines textile où les femmes enceintes sont confrontées à la perte de prestations auxquelles elles peuvent prétendre et privées des droits qui les protègent sur leur lieu de travail avant et après l’accouchement. C’est une question sensible, pas seulement au Lesotho, mais dans le monde entier, où une majorité d’ouvrières sont en âge de procréer », explique Kristina Kurths, responsable du Programme Better Work au Lesotho.

Le programme aide à protéger les femmes enceintes au travail en offrant une formation sur la protection de la maternité dans le cadre de son programme de compétences de vie pour le personnel. Dans le cadre de cette initiative, les responsables des ressources humaines des usines sont formés afin de comprendre et respecter la loi, et aussi pour former des pairs qui, à leur tour, vont instruire leurs collègues sur les questions de santé maternelle.

Pour approfondir la question, le programme a conduit une série de discussions de groupe avec des travailleurs venus de 17 usines pour aider Better Work et les usines avec lesquelles il coopère à mieux comprendre les besoins spécifiques des femmes enceintes.

Assurer une meilleure protection

Habahaba est restée auprès de son bébé pendant deux mois, mais elle ressent maintenant les effets de sa perte de revenu.

« Des aménagements à l’usine, comme une garderie subventionnée sur place, contribueraient à réduire le fardeau financier pour les mères de nouveau-nés qui travaillent », souligne Habahaba.

Better Work Lesotho prévoit donc d’approfondir son travail au niveau de l’usine, auprès des cadres et des ouvriers, afin que les employées comme Habahaba soient mieux protégées. Des progrès ont déjà été enregistrés : depuis fin 2013, les employées qui ont un an d’ancienneté ou plus ont droit à un congé maternité rémunéré de six semaines.

« La protection de la maternité sur les sites de production textile a longtemps été un sujet négligé. Nous travaillons avec nos partenaires – syndicats, employeurs – et avec le gouvernement pour renforcer la législation et promouvoir son application. Le programme représente une première étape vers le travail décent dans la principale industrie du Lesotho qui est partie intégrante des chaînes d’approvisionnement mondiales du textile », conclut Kristina Kurths.


 

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