« 100 Ans – 100 Vies » | MADAGASCAR - “Aujourd’hui, je suis sortie du travail des enfants et j’ai de nouveau des perspectives d’avenir”

Comment l’OIT a aidé Hortensia, une jeune travailleuse domestique malgache, à se construire un avenir meilleur et à briser le cycle de la pauvreté.

Feature | Madagascar | 09 October 2019
ANTSIRABE - Elle revient de loin. « Pour être honnête avec vous, j’ai vécu l’enfer ». Ce témoignage, c’est celui d’Hortensia. Alors âgée de 17 ans, nous la rencontrons à Antsirabe, une localité d’environ 200 000 habitants située dans les Hautes Terres, à 170 km au sud d’Antananarivo, la capitale malgache.

Hortensia nous raconte comment, comme de nombreux enfants issus de familles pauvres, elle a dû quitter l’école très tôt pour aller travailler comme domestique chez des particuliers.

« Pendant deux ans, je m’occupais de l’ensemble des tâches ménagères. Debout de 5 heures du matin à 22 heures le soir, je nettoyais la maison, préparais les repas, allais faire les courses au marché, faisais la lessive et étais toujours la dernière à aller dormir », se souvient-elle.

Vivant dans des conditions de quasi-esclavage, elle ne pouvait s’attendre à la moindre compassion si elle tombait malade. Non seulement, aucun médicament ne lui était donné mais, à la moindre faute, son employeur retirait de l’argent sur son maigre salaire de 20 000 ariary par mois (7 $).

Sans aucune perspective d’avenir, il lui semblait impossible de quitter cette situation de misère.

C’est à ce moment qu’Hortensia fut repérée par les membres de l’association locale Sarobidy (qui signifie «précieux» en malgache). Ils lui proposèrent alors d’intégrer
un programme appuyé par l’OIT permettant aux enfants travailleurs domestiques de quitter leur statut en ayant accès à une formation.

C’est cette formation professionnelle qui a sauvé Hortensia de toutes ses souffrances. « J’ai alors appris les techniques de base d’élevage et d’agriculture et, désormais, je loue une parcelle de terrain où j’ai planté des pommes de terre, des carottes, de l’ail, des poireaux, des choux, du maïs et des haricots », se réjouit-elle.

Elle s’occupe aussi du porcelet qu’elle a reçu de la part du projet à la fin de sa formation.

Sa famille est très fière de sa réussite. Sa maman regrette d’avoir été contrainte par la pauvreté à envoyer sa fille travailler chez des particuliers dès son plus jeune âge.

Briser le cycle de la pauvreté

Lauréat Rasolofoniainarison, du bureau de l’OIT à Madagascar, connaît trop bien ce cycle dévastateur. Il se bat pour changer les mentalités: « Les parents nous disent souvent qu’ils envoient leurs enfants travailler au lieu d’aller à l’école parce qu’ils sont pauvres. Mais le message que nous voulons faire passer, c’est qu’en réalité c’est le fait de faire travailler leurs enfants qui les rend pauvres, en perpétuant un cycle dans lequel l’éducation et la possibilité de s’élever socialement n’ont aucune place ».

Hortensia n’est pas peu fière de nous emmener dans son champ, de nous faire découvrir ses beaux légumes et de nous montrer son porcelet. « Grâce à la formation que j’ai reçue, j’ai de nouveau des perspectives d’avenir », nous dit-elle en nous quittant.

Le programme mené à Antsirabe a permis de fournir une formation professionnelle à 190 enfants tandis que 2 000 autres ont été sensibilisés et 2 500 ont été retirés du travail des enfants.

Vidéos complémentaires avec les images d’Hortensia En Français



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