Abidjan (Nouvelle de l’OIT) Ce renforcement de capacités des organisations des travailleurs en Côte d’Ivoire initié par l’Organisation internationale du Travail (OIT) à travers le projet ACCEL Africa, le Programme Finance Solidaire et le Bureau des Activités des Travailleurs (ACTRAV) visait à introduire les concepts de base sur les mécanismes de financement innovants, de présenter les résultats de l’étude de faisabilité et les objectifs de la phase II de l’étude, d’ explorer le rôle des syndicats dans le design, mise en œuvre d’un contrat d’impact social et à préparer l’atelier de consultation tripartite.

« Il y a un déficit de financement des Objectifs de Développement Durable (ODD) estimé à 37.5 milliards de dollars entre 2015-2030 », a déclaré à l’ouverture de cet atelier Frédéric Lapeyre, le Directeur du Bureau pays de l’OIT pour la Côte d’Ivoire, le Benin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Togo. C’est pourquoi, explique-t-il, « l’OIT explore le potentiel d’application de mécanismes de financement innovants pour financer le travail décent vu que les sources de financement traditionnelles ne seront pas suffisantes pour financer tel budget ».

Il est donc impératif soutient M. Lapeyre, que « l’OIT évalue les risques et les possibilités que présentent les mécanismes de financement innovants et veille à ce que ceux-ci tiennent pleinement compte des normes internationales du travail et du dialogue social et comportent les garanties appropriées requises pour la prestation des services publics et la protection des bénéficiaires ».

L’atelier a permis d’explorer le rôle que les organisations syndicales pourraient jouer dans la conception et le déploiement d’un contrat à impact social, et au sens large dans le financement du travail décent.

Le Directeur du bureau-pays de l’OIT à Abidjan a attiré l’attention des leaders syndicaux et des membres des centrales syndicales sur le secteur du cacao dont dépend la vie d’environ 6 millions de personnes vivant en Côte d’Ivoire.

« Aujourd’hui, plus que hier, le secteur du cacao fait face au défi du travail des enfants. À cela s’ajoute le défi de la déforestation. Les centrales syndicales devraient engager la réflexion sur leur rôle dans les questions de durabilité du secteur du cacao », a indiqué Frédéric Lapeyre.

Pour Edgar Aguilar du Programme Finance Solidaire de l’OIT, les syndicats sont des acteurs incontournables dans la conception des stratégies de financement pour atteindre le travail décent, et ainsi éliminer le travail des enfants. « Il faut renforcer la présence des syndicats dans l’élaboration de ces stratégies », souligne Euphrem N’dépo, coordonnateur national du projet ACCEL Africa en Côte d’Ivoire exhortant ces organisations syndicales à prendre des initiatives dans la lutte contre le travail des enfants.

« Les Syndicats doivent jouer leur rôle stratégique pour influencer les politiques en faveur du travail décent telles que les politiques de lutte contre les causes profondes du travail des enfants (absence de protection sociale, difficultés d’accès à l’éducation) », a relevé pour sa part Kattia Paredes Moreno, spécialiste principale des activités des travailleurs (ACTRAV) au bureau pays de l’OIT à Abidjan.

Pour sa part, Mohammed Mwamadzingo, Responsable régional pour l'Afrique, (OIT/ACTRAV Genève) explique « qu’aucun endroit dans le monde n'a éliminé le travail des enfants sans la participation étroite des syndicats. Aucun endroit », concluant « qu’il est donc impératif que cette initiative ne soit pas uniquement menée par les employeurs (entreprises multinationales), mais que les syndicats y jouent un rôle clair ».