Pêche illicite, non déclarée et non réglementée

Unir les filets entre les pays et les eaux pour mieux protéger les pêcheurs et leurs stocks

L’Organisation internationale du Travail (OIT) était à la tribune de la 13eme conférence des Ministres du Comité des Pêches du Centre-Ouest du Golfe de Guinée (CPCO) tenue à Abidjan du 13 au 17 décembre 2021 pour assurer les pays-membres du comité de son soutien à leurs efforts pour améliorer les conditions de travail et lutter contre la traite et l’exploitation.

Actualité | 23 février 2022
Abidjan (Nouvelles du BIT) - Là où la pêche illicite, non déclarée et non réglementée est un problème grave, les conditions de travail abusives, y compris les cas de travail forcé, sont susceptibles de se retrouver sur le pont.

C'est ce que les faits ont démontré, et c'est le message que l'Organisation internationale du travail (OIT) a porté en Afrique de l'Ouest pour explorer une nouvelle collaboration avec le Comité des pêches pour le centre-ouest du Golfe de Guinée (CPCO), un organisme régional de pêche basé à Tema et dont le Bénin, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Liberia, le Nigeria et le Togo sont membres.

« C'est une occasion unique de discuter des liens étroits entre le travail décent pour les pêcheurs et la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée », a déclaré aux ministres de la pêche réunis à l'occasion de la 13eme Conférence ministérielle annuelle du Comité des pêches pour le Centre-Ouest du Golfe de Guinée, Fréderic Lapeyre, directeur du bureau pays de l'OIT pour la Côte d'Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Togo.

Des liens pour identifier une collaboration entre organismes régionaux

La coopération avec les organismes régionaux de pêche est l'un des objectifs du « 8.7 Accelerator Lab » récemment lancé par l'OIT. Le « Lab » est un programme qui s'efforce d'aider les gouvernements et les partenaires sociaux à atteindre l'ambitieuse septième cible de l'Objectif de développement durable 8, à savoir l'éradication du travail forcé d'ici 2030 et du travail des enfants d'ici 2025.

Par le biais du « Lab » et des partenariats régionaux, l'OIT cherche à reproduire les stratégies qui fonctionnent avec succès, à connecter les plateformes qui ciblent le travail forcé et le travail des enfants, à identifier et à mettre à niveau les outils et les innovations et, surtout, à mettre en commun les fonds des donateurs afin de démultiplier les ressources.

Le « 8.7 Accelerator Lab » cible les lacunes dans la recherche et les connaissances, dans la gouvernance des secteurs public et privé, dans les cadres juridiques et leur application. L'objectif est de renforcer la détection et l'utilisation de la technologie afin d'autonomiser les travailleurs vulnérables, de surveiller les conditions de travail et de vie et d'accroître la transparence des efforts des entreprises et la traçabilité des marchandises.

En commençant par le secteur de la pêche, il s'étendra aux mines et à d'autres secteurs où le travail forcé et le travail des enfants sont répandus.

Frédéric Lapeyre, Directeur du Bureau pays de l’OIT pour la Côte d'Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Togo à la tribune de la 13eme conférence des Ministres du Comité des Pêches du Centre-Ouest du Golfe de Guinée (CPCO)

« Pour mettre fin à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, il ne suffit pas de protéger les ressources halieutiques, il faut aussi protéger les pêcheurs qui sont très souvent eux-mêmes victimes », a souligné M. Lapeyre lors de cette 13eme conférence des Ministres ; ajoutant que « les navires impliqués dans la pêche illicite, non déclarée et non réglementée sont également susceptibles de ne pas respecter les normes internationales du travail, notamment la traite des personnes et le travail forcé ».

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée menace les océans et la pêche durable en mettant en péril les stocks de poissons. Selon l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), environ un cinquième de toutes les prises provenaient au cours de la dernière décennie, de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.

L'appauvrissement des stocks de poissons peut pousser les navires à pêcher à de plus grandes distances des côtes, souvent de manière transnationale et en haute mer, à augmenter les coûts d'équipage et la concurrence, ce qui peut pousser des employeurs peu scrupuleux à rechercher une main-d'œuvre moins chère et à réduire les dépenses consacrées aux mesures de santé et de sécurité. Cela peut même conduire à l'utilisation du travail forcé comme moyen de maintenir les travailleurs dans des conditions de travail qui se dégradent.

La pêche illégale, non déclarée et non réglementée : un problème

« La pêche illégale, non déclarée et non réglementée est un problème important pour de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest, et nous savons que vous êtes tous fermement engagés à mettre fin à cette pratique », a souligné le directeur du bureau pays de l'OIT, appelant les ministres à mobiliser leur engagement pour s'attaquer au coût humain parfois négligé des méthodes de pêche non durables et à veiller à ce que les conditions de travail à bord des navires opérant dans les eaux relevant de la juridiction nationale des pays membres du Comité, soient conformes au droit international.

Frédéric Lapeyre a exhorté les pays du CPCO à ratifier la Convention n° 188 de l'OIT sur les conditions de travail dans le secteur de la pêche et le Protocole n° 29 sur le travail forcé, car il s'agit dit-il « d'un grand pas en avant pour établir un travail décent pour les pêcheurs tout en soutenant la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée et à travailler avec l'OIT pour recueillir des données cruciales qui nous guideront sur le chemin à suivre ».

Cet engagement régional s'inscrit dans une tendance émergente qui a vu plusieurs organismes régionaux de pêche (ORP) et organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) aborder la question du travail décent ces dernières années, y compris la Commission internationale pour la conservation des thons de l'Atlantique (CICTA) qui a adopté une résolution établissant un processus pour aborder les normes du travail dans les pêches de la CICTA en novembre 2021. Le ‘’8.7 Accelerator Lab’’ suit de près ces nouveaux développements et s'engage à continuer à soutenir la promotion du travail décent et l'élimination du travail forcé à bord des navires de pêche par le biais de la coopération avec les ORP et les ORGP.

Pour en savoir plus sur le travail de l'OIT dans le domaine du poisson, veuillez consulter la page web dédiée du département des politiques sectorielles.

Photo de la table de séance de la conférence des Ministres de la CPCO