Economie rurale

Les travailleurs vivant en zones rurales doivent faire face à des déficits sévères en matière de travail décent

Environ 80 pour cent des pauvres dans le monde vivent en zones rurales où ils doivent faire face à des lacunes dans le domaine de la gouvernance, à l’informalité, à des systèmes de production sous-développés, à un accès limité aux services publics et à une couverture inadéquate en matière de protection sociale.

Communiqué de presse | 7 juillet 2022
OIT Infos (GENEVE) – Selon un nouveau rapport du Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) de l’Organisation internationale du Travail (OIT), environ 80 pour cent des pauvres dans le monde vivent en zones rurales, dont de nombreux travailleurs, qui doivent faire face à des déficits majeurs en matière de travail décent, notamment à des conditions de sécurité inadéquates au travail, à des salaires faibles, à un manque de stabilité et de garantie au niveau de leur emploi ainsi qu’à un nombre d’heures de travail excessif, les femmes et les jeunes travailleurs étant les plus touchés.

Intitulé Déficits de travail décent chez les travailleurs ruraux, ce rapport est basé sur une série de 16 études couvrant 15 pays d’Afrique, d’Asie, d’Asie centrale, d’Europe et d’Amérique latine.

Les conclusions du rapport sont les suivantes:
  • L’exposition aux produits chimiques fait courir de sérieux problèmes de santé ainsi que d’autres risques aux travailleurs agricoles, en particulier aux enfants, aux femmes enceintes et à celles qui allaitent.
  • Les femmes qui travaillent sont représentées de manière disproportionnée au sein des métiers les plus précaires. Elles ont tendance également à être faiblement rémunérées, à disposer d’emplois peu qualifiés, à souffrir d’écarts énormes de rémunération par rapport aux hommes et sont davantage susceptibles de subir des situations de harcèlement et d’abus au travail en comparaison aux hommes.
  • Le travail des enfants, le travail forcé et la servitude pour dettes sont toujours une réalité. Jusqu’à 95 pour cent des enfants impliqués dans des travaux dangereux sont employés dans l’agriculture, notamment dans les secteurs du cacao, de l’huile de palme et du tabac. Le travail forcé est également une réalité dans d’autres secteurs et il est lié à de multiples formes de dépendance des travailleurs par rapport aux employeurs.
  • Faiblesse du dialogue social et obstacles pour avoir accès aux organisations de travailleurs. Dans de nombreux secteurs, les syndicats soit n’existent pas ou soit font face à des obstacles majeurs pour interagir avec d’autres organisations de travailleurs comme les groupements d’agriculteurs et les coopératives. Parmi les domaines suscitant une inquiétude particulière, on peut citer le dialogue social et la représentation concernant les femmes, les travailleurs informels, intermittents, saisonniers, temporaires et indépendants, tout comme la représentation des petits exploitants agricoles.
  • La protection sociale reste du domaine du rêve. L’inadéquation de la protection sociale constitue un problème spécifique pour les travailleurs évoluant dans des conditions précaires, comme les travailleurs informels, intermittents, temporaires et sous-traitants ainsi que pour les travailleurs journaliers qui constituent la grande majorité dans les plantations agricoles.
Le rapport d’ACTRAV formule une série de recommandations afin de contribuer à résorber ces déficits en matière de travail décent. Parmi celles-ci, on peut citer:
  • Le renforcement de l’administration du travail au sein des économies rurales.
  • L’accroissement de la présence et des capacités des syndicats et des autres organisations de base des travailleurs dans les économies rurales.
  • La formalisation des entreprises informelles et des conditions d’emploi.
  • La ratification et le respect des conventions pertinentes de l’OIT et d’autres normes internationales du travail.
  • L’intégration des secteurs économiques ruraux au sein des processus formels et institutionnels de dialogue social.
  • Le renforcement de la préparation aux crises et de la protection sociale au sein de l’économie rurale.
  • Le déclenchement de recherches et d’analyses politiques supplémentaires afin de mieux comprendre et de mieux répondre aux besoins et aux attentes des travailleurs ruraux et de leurs organisations.
Pour obtenir des informations complémentaires, merci de bien vouloir contacter :

Mamadou Kaba SOUARE,
Chef, Communications et Publications
BIT-ACTRAV
Email : souare[at]ilo.org